le Moulin

Le dernier des 2 Moulins (détruit en 1940)

 

 

en 1930.

Quant au moulin, c'est à la fin du 18e siècle qu'il fut édifié au lieu et place d'un premier moulin menaçant ruine en 1925. II y avait encore les meules du premier moulin sur le tumulus. 

Le moulin a été plusieurs fois remanié au cours de son existence, on remarquera la différence du système d'ailes qui a changé entre 1918 et1936 : en 1918 les ailes étalent à voiles, c'est à dire que le meunier tendait des toiles sur les ailes avant de faire fonctionner le moulin, mais en 1936 les ailes étaient " à la parisienne " c'est à dire qu'un mécanisme faisait ouvrir les pales en fonction de la puissance du vent.

Le moulin appartenait à la branche aînée des Delhomel, en 1812 un Delhomel a disparu en Russie au cours de la campagne de Napoléon 1er. Un autre mourut de froid sur le plateau du moulin avec son jeune fils pendant une tempête de neige la nuit, c'était vers les années 1820-1830. Sa famille habitait la maison proche du moulin, c'était un café.
Des contrebandiers en tabac avaient coutume de s'y réunir ils furent avertis du drame par les aboiements du chien, venu chercher de l'aide pour ses maîtres mourants.

En 1930 à la demande de la compagnie des "Potasses d'Alsace" un film fut tourné à Vaux  "LE GRAND PIERRE" et dans ce film naturellement le moulin.
Le scénario était que les paysans qui utilisaient la "Potasse d'Alsace" dans leurs champs récoltaient tellement de blé qu'il leur fallait 4 chevaux pour monter la côte du village pour aller au moulin, alors que ceux qui ne mettaient pas de potasse un seul cheval leur suffisait pour monter "éch'pilori". Avec les cultivateurs du pays, vous parlez de l'affluence à la salle des fêtes, lors de la projection de ce film. Il se trouve actuellement à la cinémathéque de Paris, c'est la seule copie qui existe, mais l'état de vétusté dans lequel se trouve ce film ne permet pas d'en faire une copie.

Si quelqu'un possède des détails sur les moulins de Vaux qu'il veuille bien me les communiquer.
Mr CLARK

 

On comptait dans la Somme, vers 1850, cinq cents moulins à vent : ceux qui tournent aujourd'hui sont-ils vingt ?
Les minoteries à vapeur les ont tués presque tous. Le mouvement de leurs grandes ailes brunes était un élément animé, pittoresque des paysages. Pour sauver les derniers, qui maintiennent un très ancien et original métier villageois, une Société « Les Amis des Moulins »
a été récemment créée. (Secrétaire ,général-fondateur, Dr Paul Hélot, 1 rue de l'Hôpital, Rouen), - Les moulins de bois sont de deux formes : « Sur pioche » ou « en tour ». Ce moulin, de VAUX-EN-AMIENOÏS, est « en tour »; encore en service, il est exploité par la famille Delhomel depuis plusieurs générations en ligne directe.


Cette vue, prise dans le moulin de VAUX-EN-AMIENOIS, montre les deux rouages essentiels, l'âme de tout moulin à vent. «Un cercle vertical, denté, en bois de poirier, le « rouet », est monté sur le pivot des ailes. Un autre cercle, horizontal, de même bois, la « lanterne » porte, sur sa face inférieure, des chevilles, entre lesquelles viennent tour à tour (d'où le tic-tac) s'engager les dents du rouet. Le mouvement que les ailes impriment au rouet est transmis à la lanterne dont l'axe est celui des meules disposées en dessous de ce mécanisme : ces meules proviennent de carrières de Seine-et-Marne, de La Ferté-sous-Jouarre ou de Saint-Mars-la-Pile.

(Photo ci-dessous tirée du journal Le Progrés de la Somme)

Le MOULIN de CLODOMIR

Après la grande guerre, dans les années vingt les DELHOMEL possèdent encore deux moulins: l'un sur pioche, l'autre en tour.

Le premier sur pioche n'est plus en exploitation; le second celui en tour, modernisé, tourne toujours, sous l'oeil compétent de CLODOMIR, dernier meunier en titre.

Dans les fermes des environs, on trouve des sacs estampillés de la marque " DELHOMEL meunier à VAUX les AMIENS "

Ceux qui connaissent bien les DELHOMEL, sont unanimes a les apprécier, ils sont intégres, laborieux, courageux et opiniâtres pour ne pas dire têtus, sachant prendre leurs responsabilités, mais fiers et ombrageux ....

Le moulin "ANSELME", moulin sur pioche, sur pivot, de charpente fortement étayée, du type le plus ancien, là c'est toute la cage qui tourne, celle ci toute en bois, recouverte de planches horizontales placées a recouvrement. Les ailes entraînées par des toiles, système difficile à maîtriser. Il est complètement détruit, sur sa motte, la présence de son unique meule atteste qu'il a existé; il appartenait à RAOUL le boulanger, fils de CLODOMIR et petit fils d'ANSELME.

Le moulin de CLODOMIR est beaucoup plus imposant, c'est un moulin en tour, construit lui aussi tout en bois, là, seule la tête est mobile, avec ses ailes et sa queue.

La charpente de la tour est très importante, assise sur une solide fondation fortement ancrée dans la motte, afin d'assurer à l'ensemble une grande stabilité, pour permettre la mobilité de la tête, et aussi la résistance aux vents violents qui, ici, en hiver soufflent en tempêtes, véritables ouragans que rien ne freine quant ils viennent de la mer du Nord, pourtant lointaine.

La tour de forme octogonale, dont chaque face construite en pans de bois, repose sur un solide "solin" de grés, les vides de la charpente en chêne sont remplis d'un hourdage de torchis assurant une bonne isolation.

La tête repose sur la tour, cette dernière moins large au sommet qu'à la base.

Tout l'extérieur de cette ensemble est recouvert en bois.

Le toit et les faces les plus exposées aux intempéries, du N/E à l'Ouest en passant par le Nord, sont protégées par des "esseintes" ou "becquettes", qui sont des plaquettes de chêne en forme d'ardoises, prises au coeur de l'arbre ou dans de vieilles poutres, non sciées mais fendues dans le sens du fil afin que l'eau glisse dessus.

Alors que les parties S/0, Sud, S/E et Est, moins exposées sont revêtues de planches horizontales placées à recouvrement.


La tête, elle aussi toute en bois, avec son toit en "batiére", laisse apparaître un renflement circulaire, destiné au logement du "rouet".

Mobile, elle tourne sur la "jante", qui est solidaire de la tour, ici la jante n'est pas en fer mais en bois, donc pas de "galets".

La tête repose sur la jante par des segments de bois, entre lesquels sont aménagés des vides, afin que le mouvement soit facilité par la lubrification des parties en contact.

Cette conception de construction est un des détails qui fait penser que ce moulin est très ancien.

La rotation de la "tête", afin de placer les ailes dans le vent est assurée par l'intermédiaire de la "queue", en réalité une solide poutre de chêne; le meunier fixe à son extrémité, à un anneau prévu à cet usage, le crochet du cordage de chanvre d'un cabestan mobile.

En fixant le cabestan aux différents point d'ancrage, des bornes en grés, répartis symétriquement sur la "motte" du moulin.

En enroulant le câble sur le treuil à l'aide d'une barre de fer, en déplaçant successivement le cabestan, on oriente les ailes dans la direction désirée pour asservir le vent.

Comme pour celui d'ANSELME, les ailes étaient entraînées par des toiles, ce système était très difficile a maîtriser, le meunier pouvait être surpris par un coup de vent inopiné; une nuit RAOUL le fils de CLODOMIR en a fait l'expérience, il en gardait un très mauvais souvenir....

Avec les toiles le moulin ne pouvait tourner qu'avec des vents de 2 à 12 mètres/seconde, qui soufflent dans cette région de 120 à 160 jours par an.

Depuis la fin du XIX° siècle, le dispositif BERTON, avec ses ailes à volées parisiennes assure un meilleur rendement et surtout une grande sécurité, par sa facilité d'adaptation immédiate à la force des vents; le réglage de la surface des ailes est possible à chaque instant, sans arrêt, aussi bien de 1'intérieur que de l'extérieur du moulin, et par ailleurs un système régulateur assure une vitesse constante.

Vers 1925, ANATOLE et son ouvrier, tous deux charpentiers spécialistes des moulins, de VILLERS BOCAGE, ont modernisé le moulin de CLODOMIR en l'équipant de "volées parisiennes", du fait de l'inertie trop importante de la tête, due à l'absence de galets, le système "Papillon", qui a l'aide d'une éolienne auxiliaire assure la rotation de la tête sans l'intervention de la queue, n'a put être réalisé.

L'axe des ailes, un assemblage de pièces de bois, le noyau, une pièce octogonale de chêne, autour de laquelle sont accolées huit autres pièces de chêne équarries de manière a former un pivot cylindrique, le tout rendu solidaire par de solides cerclages en fer.

Le pivot solidaire des ailes et du rouet tourne dans deux coussinets en bois eux aussi, fixés de part et d'autre de la tête.

Les membrures des ailes, faites de deux pièces de chêne: les "cuisses" et "contre-cuisses", sur lesquelles sont fixés six axes, où pivotent en leur milieu six traverses de bois, supportant elles même neuf panneaux, en bois très léger mais très résistant (balsa ?) coulissant les uns sur les autres.

Depuis l'intérieur, une sorte de crémaillère à double encliquetage ; entraînée par une roue dentée solidaire du pivot des ailes, actionne les biellettes, qui règlent la surface de chaque aile en modifiant la géométrie des volées parisiennes.

Pour la mise en route, on actionne manuellement la crémaillère, lorsque le moulin est en marche, le réglage se fait en tirant sur un des deux cordeaux qui commande les volées parisiennes, l'un diminue l'autre augmente la surface des ailes, et ceci aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur, le système de freinage est actionné de la même façon.

Le "rouet" est une grande roue dentée, verticale, en bois de poirier solidaire de l'axe des ailes; une autres roue plus petite, faite du même bois, horizontale celle là, la "lanterne", porte sur sa face supérieure des chevilles en bois entre lesquelles viennent s'engager, tour à tour les dents en bois du "rouet".

Ainsi le mouvement que les ailes impriment au rouet est transmis à la lanterne. 

Exactement au centre de la tour, afin de permettre la rotation de la tête, l'axe en fer de la lanterne transmet à tous les étages la force qui actionne les différents mécanismes du moulin.

La "tête" avec ses "ailes" et leur "pivot", le "rouet" et la "lanterne" sont l'âme du moulin.

Le rez de chaussée est la demeure habituelle du meunier; là il juge le travail des meules, reçoit ses clients qui sont ses amis cultivateurs, il y prend ses repas et y dort parfois ....

Comme la forge, le moulin est un lieu de rencontre, où les hommes discutent de tout et de rien.

La tour du moulin étant octogonale, il est logique que l'intérieur est la même forme, mais de moindre surface en montant dans les étages

La salle du rez de chaussée, pavée de pierres gris-bleues; les murs blanchis à la chaux, sont percés, de deux portes opposées, nord/sud, assez large pour permettre le passage d'un âne bâté, et une petite fenêtre placée assez haute, munie de barreaux de fer, dans la face ouest, éclaire chichement la pièce.


Les portes en bois, massives sont doublées à l'extérieur de tôle, celle du fond, côté sud, se ferme de l'intérieur par trois gros verrous, celle du nord, la porte d'entrée, est dotée de trois grosses serrures., en réalité elle se ferme par un système secret.

Aprés avoir prononcé le " Sésame, ouvres toi," nous voici à l'intérieur.

Quatre piliers en chêne de section octogonale, symétriques, reliés entre eux par de fortes poutres, sur lesquelles viennent reposer:

1°) le pied de l'arbre de transmission de la lanterne, avec sa roue motrice, roue dentée en fer.

2°) les axes solidaires des trois meules dans les étages; les "gros fers", avec chacun leur système de " vis à béquilles " qui permet d'engrener ou neutraliser les roues dentées qui entraînent les meules.

3°) Le régulateur, qui par la force centrifuge agit sur son système à double compas et ses deux grosses boules métalliques, assurant ainsi une vitesse constante.

4°) Un arbre de transmission horizontal, avec ses poulies.

Fixée sur le mur Est, la "bluterie", restitue en farine et issus le blé pesé à son arrivée sur la bascule qui se trouve prés de la porte d'entrée.

Un hectolitre de blé/ soit 75 kgs, donne environ 50 kgs de farine et 23 kgs d'issus (reflet et son)

Les "blutoirs" tournent dans la partie supérieure d'une sorte d'alcôve en bois, fermée en façade par un rideau de toile épaisse, à rayures bleues et blanches.

Au dessous une série de cinq trémies en bois, aux "goulottes" desquelles bn accroche les sacs pour recevoir respectivement, de droite à gauche, la fleur de farine, la farine, le reflet et le son; la dernière trémie reçoit directement de la meule du deuxième étage:

les moutures de céréales pour le bétail.

La bluterie est formée de cinq cadres en bois, entraînés par un axe central, les parois sont habillées de tissus aux mailles plus ou moins serrées, l'ensemble a la forme d'un prisme à six faces latérales. Les soies des blutoirs sont fabriquées à SAILLY-SAILLISEL et a NURLU (SOMME)

L'axe central en fer, légèrement incliné est actionné par une poulie ainsi la mouture par l'inclinaison et la rotation de l'ensemble, est entraînée lentement de la partie la plus élevée vers la partie la plus basse, en passant sur les blutoirs, dont les mailles des soies, sont de moins en moins serrées et correspondent à chaque trémie.


Contre le mur Ouest se trouve un établi avec son étau à pied, et dans ses tiroirs on trouve tout un assortiment d'articles de quincaillerie nécessaire aux petites réparation d'urgence, et fixée au mur une panoplie d'outils permettant de bricoler aussi bien le métal que le bois ou le cuir.

On accède au premier étage par une échelle de meunier, fixée contre le mur Sud/Ouest, et munie d'une main courante.

Sous cet escalier on a construit un âtre en maçonnerie, sans cheminée, même avec du bois très sec, une "foye" enfume tout le moulin.

Au dessus du foyer, un placard, contenant toujours quelques provisions: conserves et biscuits, et immanquablement une boite de "vache qui rit" et des plaques de chocolat: "Menier" ou "Magnier Baussard".

En empruntant l'échelle de meunier, on arrive au premier étage au pied de l'escalier qui mène au second.

La pièce est légèrement plus petite et surtout plus basse que celle du rez de chaussée, elle est éclairée par deux fenêtres percées au dessus des portes, et d'une plus petite sous l'escalier du second.

Au milieu passe l'arbre de transmission, et de part et d'autre, dans l'axe Nord/Sud, se trouve deux paires de meules dans leurs protection en bois, les " couvre coeur " surmontées chacune d'une trémie, qui par son " auget ", sorte de tiroir oscillant alimente en grains la meule par son centre, le débit est réglé par une petite porte a glissière à la base de la trémie.

Contre la face Est, un appareil assure le nettoyage du grain par ventilation, alimenté par une grande trémie encastrée dans le planche du second étage, le débit de l'alimentation du van s'effectue de la même façon que pour les meules. Les impuretés sont rejetées à l'extérieur. Le bon grain séparé de l'ivraie, est acheminé vers un grand coffre en bois, au deuxième étage, par des gaines en bois, horizontalement par une vis sans fin, d'"Archiméde" et verticalement par une espèce de noria, formée de godets fixés sur une courroie sans fin, plongeant renversés et remontant pleins pour se vider dans le coffre.

Un arbre de transmission horizontal avec ses poulies entraîne tout cet ensemble, lui aussi dans l'axe Nord/Sud.

Coté N/0, dans le plancher s'ouvre une trappe fermée par deux abattants.

Le "gros fer" de la meule du second, se trouve au N/0 du centre prés du couvre coeur de-la meule Nord.

Au deuxième éclairé par deux petites fenêtres, toujours Nord et Sud, pas de plafond, on est directement sous la tête, on voit en détails l'"âme du moulin".

Coté S/0, un grand coffre en bois, reçoit le froment nettoyé au premier étage.


Coté N/0, une trappe béante, au dessus de laquelle se trouve un treuil. Ce treuil est un cylindre, solidaire d'une poulie, le tout en bois, sur lequel s'enroule un cordage de chanvre.

Tournant sur un axe de fer, l'extrémité de cet axe coté poulie est fixée sur un système à glissière verticale, actionnée par un levier.

Au repos, la courroie repose sur la poulie du treuil, en appuyant sur le levier, la courroie se tend et est entraînée par la poulie en fer qui tourne en permanence au premier étage.

En appuyant fort la charge monte, en faisant patiner la courroie on maintient la charge au niveau désiré, ce qui permet de s'en saisir en libérant le levier, la traction cesse et l'on peut amener le sac de blé sur la glissière qui le dirige vers la grande trémie coté Est, qui alimente le "nettoyeur" au premier étage.

Un cordeau fixé en bout du levier et passant par un trou à travers le plancher, permet d'utiliser le treuil depuis le premier étage.

Dans l'espace restreint compris entre l'arbre de transmission de la lanterne, au centre, le grand coffre à blé, coté S/0, l'escalier coté Ouest et la trappe coté N/0, on trouve la meule sous son couvre coeur et sa trémie.

Compte tenu de la surface de la pièce, il faut reconnaître que l'espace libre est restreint.

Aussi le passage entre la trappe béante et le couvre coeur est vraiment très étroit ....

Les meules proviennent de la FERTE sous JOUARRE en SEINE et MARNE.

Ce sont des disques de pierre meulière, assez épais et cerclés de fer; elles travaillent par paire:

celle du dessous est statique : "la gisante"

celle du dessus, entraînée par le "gros fer" est en rotation c'est "la tournante".

Un réglage minutieux et un entretien régulier sont nécessaire pour obtenir une bonne mouture.

N'est pas meunier qui veut, une longue pratique est nécessaire pour devenir un maître meunier.

Dieu seul savait, qui aurait pu prendre la suite de CLODOMIR ....

* Les meules sont de type français de deux métres de diamètre.
Après avoir sorti le couvre coeur et la trémie, deux anneaux encastrés dans la tranche de la meule tournante, permettent de la sortir afin de procéder au "rhabillage" des deux meules, opération de précision qui consiste a rénover les stries sur les faces des meules; ce travail se réalise à l'aide de marteaux spéciaux en acier.

Ceux ci ne sont pas emmanchés, mais encastrés dans un support en bois de forme spéciale.

Si on enlevait le toit du moulin, si aux deux niveaux les planchers étaient transparents, on verrait empilés les uns sur les autres :

au plafond du rez de chaussée:

1°- Solidaire de l'axe du rouet, la roue dentée motrice

2°- les roues dentées réceptrices des gros fer qui entrainent les meules

Si les axes des gros fer qui entraînent les meules du premier étage sont très courts, par contre le troisième axe part du rez de chaussée pour entraîner la meule du deuxième étage
- Au premier étage:

les deux meules, alignées nord/sud légèrement décalées vers l'est.

- Au deuxième étage:

la troisième meule au nord ouest

Ces positions ne sont pas dues au hasard, mais relatives à la position des roues dentées des gros fer, qui ainsi peuvent être mises en oeuvre simultanément.

Le schéma sommaire et combien fantaisiste en ce qui concerne les dimensions des différentes parties, situe à peu prés leurs positions;

- des roues dentées au rez de chaussée (en rouge)

- des meules du premier étage (en bleu)

- de la meule du deuxième étage (en vert)
Toutes ces explications pour clarifier la position du gros fer de la meule du second, que l'on "trouve" , mais qui plus exactement "passe" à cet endroit.


LOYER Renault

Lieudit " Guyonnet "
33620 TIZAC de LAPOUYADE
Tél: 05 57 49 47 62

17 DECEMBRE 1996

Monsieur le Maire
de
VAUX en AMIENOIS

Je ne considère pas cet écrit comme ma propriété, et si il peut vous être utile, n'hésitez pas à vous en servir.

Je réalise que ce qui m'est lumineux, n'est pas forcément clair pour un néophyte.

Il est difficile de décrire un ensemble mécanique, tel que ce moulin, plus de cinquante ans après sa disparition, sans lacunes et sans inexactitudes et surtout en employant les termes adéquats, pour que chacun s'y retrouve sans difficultés ....

J'ai laissé certains détails dans l'ombre, ils devaient être tellement évidents, que je ne les ai pas retenus, par exemple : le chemin suivi par le grain pour aller du coffre du deuxiéme étage aux trémies des meules du premier étage, je ne les vois plus ....J'avais douze ans quand le moulin a cessé de tourner à plein rendement ....

Pendant quarante ans j'ai été sapeur pompier, de ce fait comme tous mes camarades, j'ai étudié la construction des bâtiments anciens et modernes .

Je ne conteste pas votre définition, mais la construction en pans de bois, correspond à l'époque où le moulin a été construit ....

Cependant j'entend encore " Natole " parler du toit en " batiére " qui était un modèle du genre, des "planches placées à recouvrement" qui pour lui était une hérésie, une économie de bouts de chandelles, en comparaison de toute l'ingéniosité déployée par ailleurs pour la construction de ce moulin ...

Par contre quand je parle de " crémaillère " ce n'est qu'un terme empirique, car je n'ai pas trouvé de définition précise de ce système, à cliquets, qui permettait de modifier la géométrie des ailes.

En parlant du système de freinage, il s'agit surtout d'un blocage des ailes à l'arrêt, en réalité je ne l'ai jamais vu utiliser pour ralentir la rotation des ailes ....

Si la description extérieure de la bluterie est absolument exacte, il est indéniable que l'image que je donne du mécanisme interne est très confuse, et en plus dans mes vieilles oreilles j'entend encore un " clic clac " qui venait de la bluterie dont je n'arrive pas a définir la source, l'origine, la raison ....

A l'origine, ce "document" a été écrit pour mes enfants et petits enfants, pour qu'ils réalisent que là bas en Picardie ils ont leurs racines....

Aussi je pense que si vous voulez vous en servir, il faudrait peut être mieux avoir l'avis de personnes compétentes, avant de le lancer dans la nature, par exemple "les amis des moulins" ou tout au moins visiter un moulin de ce type, pour voir si la description est exacte ....

Les Meuniers

Le meunier ? On ne pouvait pas se passer de lui !
Le meunier, en effet, n'était pas n'importe qui ...

Avec lui, c'est toute une époque et toute une atmosphère que nous découvrons ... La vie rurale n'avait guère changé par rapport au XIX° siècle ... Les coutumes alimentaires en particulier sont demeurées les mêmes jusqu'à la Grande Guerre, et souvent jusqu'en 1939 ...
Elles Impliquaient, pour les hommes comme pour les bêtes, l'utilisation d'une base incontournable: la farine . Et qui dit farine dit meunier !

En effet, que trouvait -on chaque jour sur pratiquement- toutes les tables ? La soupière ventrue dans laquelle la ménagère coupait en tranches le pain, avant de le tremper avec la soupe. D'où, pour ce pain fabriqué à la maison, un besoin continuel de farine, qu'elle soit de froment, de seigle ou d'orge ...

Complétons le tableau en songeant à la nourriture des porcs et de la volaille, heureuses bêtes de l'époque exemptées des mixtures industrielles dont doivent se contenter leurs descendantes ...

Ainsi nous comprenons pourquoi la place du meunier fut si importante jusque dans les chansons et les contes !

Ce meunier indispensable donc, qui était-il ?

Les premiers moulins à vent étaient apparus en pleine époque féodale.

La même famille est restée là, toujours ... Les meuniers le sont de père en fils. La plupart du temps, depuis la construction du moulin dont la date est souvent gravée sur le linteau de la porte ...

La transmission se faisait directement, par l'aîné des fils. Si le garçon venait a manquer, un gendre se retrouvait à la tête du moulin, mais celui-ci provenait obligatoirement d'une famille meunière.

Pas question de confier le moulin à un ignorant !

Le métier s'apprenait par lente imprégnation, dés l'enfance. Il existait une grande amitié entre le père et le fils. Le père lui montrait, selon l'âge, une chose, une autre ... Le fils se retrouvait meunier naturellement ... Un étranger ne pouvait pas prendre un moulin comme n'importe quel commerce : on naissait meunier ...

Sans doute entrait-il une part d'orgueil dans cette façon de penser.
C'est que, dans le milieu des petits paysans souvent très pauvres, être meunier, donc relativement à son aise, prenait une allure de privilège héréditaire. D'ou une très nette tendance a rester entre soi.
On mariait les moulins ...

Les meuniers à vent appréciaient particulièrement les alliances avec les meuniers à eau : en cas de longue période sans vent, il était bon d'avoir dans sa famille un meunier à eau pouvant vous dépanner ...


Tous les meuniers étaient plus ou moins cousins. C'était des dynasties comme chez les rois! On retrouvait les mêmes noms dans tous les moulins d'une région. En se mariant de préférence avec des filles de meuniers, ils finissaient par former de véritables tribus. Aux repas de famille, on n'entendait parler que de moulins !

Les journaux sont réservés à "ces messieurs du château".
Pour les autres ne restent que les fêtes religieuses avec leurs cérémonies à l'église, les bals de village, les repas familiaux et les banquets de noces. Ajoutons le marché au bourg le plus proche.

Mais ces événements ne prennent tout leur sel que si l'on peut en parler autour de soi ...

Car voilà bien la grande source des distractions: les bavardages.
Or, en dehors des veillées d'hiver, où peut-on se rassembler, avec apparemment une bonne raison ?

A la forge pour les hommes, au lavoir ou au puit pour les femmes.
Et surtout au moulin, point de rencontre obligé de toutes les catégorie de population: le moulin c'était la maison du Bon Dieu, tout le monde y entrait. N'importe qui s'y rendait, même le curé !

Les gens faisaient moudre juste pour la semaine. Ils ne gardaient pas trop de farine à la maison, de peur que les charençons s'y mettent.

Les hommes du villages portaient le sac de quinze , vingt kilos sur le dos. Les femmes mettaient un petit sac sur la tête avec le coussinet en paille; ils fallait les voir arriver par le sentier, bien droites, avec leurs jupes qui se balançaient ... Y en avait de magnifiques !

L'air gourmand du vieux meunier en dit long sur les charmes, qu'en sa jeunesse, il trouvait à certaines clientes !

Le moulin avait besoin d'animaux de transport qui étaient, selon la richesse et la région, un cheval, une mule ou un âne; ajoutons-y des chats, ses indispensables alliés contre le fléau des rats et des souris

Beaucoup de moulins, cependant appartenaient à la noblesse et au clergé ... A la Révolution, bien des moulins furent saisis comme biens d'émigrés, ou vendus comme biens d'Eglise, changeant ainsi de mains, restant des placements enviés avant que l'ère des grands moulins et la concurrence des minoteries ne viennent, au XIX° siècle, provoquer leur déclin et la relativisation sociale des familles les occupant.

Apporter un sac de grain, repartir avec le même sac rempli de farine, ne devant prendre que quelques minutes. A condition que le meunier ait de la farine d'avance, ce qui n'était pas toujours le cas.

Et comme le moulin va son train, calmement, et qu'il n'arrive au mieux a moudre que 8 à 9 sacs de 80 kilos par meule et par journée, on attend tous en choeur. D'autant qu'il faut compter avec le vent ! Lui prend il fantaisie de s'arrêter?

" Mes pauvres, dit le meunier, il vous faudra revenir".
Et l'on revient le lendemain, "voir si c'est fait".

Les hommes saisissait sans rechigner cette occasion de se détendre ..

Les femmes avaient un jour préféré, le vendredi, parce qu'on faisait vigile pour préparer le dimanche, alors les repas étaient vite prêts ..

Les vieux venaient n'importe quand, souvent sans raison ... C'était leur maison du 3° âge.

On s'installait dedans, ou en plein soleil devant la porte qui s'ouvrait au sud, et restait toujours ouverte, mais en aucun cas, nul n'était autorisé a monter dans les étages ...

Encore fallait il, pour que ces réunions soient agréables, que le meunier se montre accueillant ... Et il n'en faisait pas faute !

Car il était d'abord un artisan, ayant lentement appris les finesses de son métier dés l'enfance, c'était aussi un commerçant qui devait attirer la clientèle, et la retenir.

Pas de meilleur moyen pour cela que de faire de son moulin un lieu où l'on se rendait certes par obligation, mais avec plaisir ...

Le meunier était apprécié au village, à condition que le vent ne se soit pas montré trop capricieux, le meunier passait chaque semaine à jour fixe, apportant la farine et emportant le grain pour la semaine prochaine ...

Comment n'aurait il pas été bien reçu, celui qui apportait une distraction dans la monotone vie de travail des paysans ? Il arrivait chargé de farine, mais aussi de nouvelles, celles du village et des fermes où il venait de passer. Tout était accueilli avec intérêt, et entraînait des commentaires sans fin ...

Avec les autres meuniers, il se partageait le territoire. Il allait au plus loin à une dizaine de kilomètres.

Habitué aux contacts humains et aux déplacements à une époque où la sédentarité était de règle, le meunier occupait donc une place bien à lui ...

d'après Huguètte et Jean BEZIAN

" Les grandes heures des moulins occitans " est paru en 1994 dans la Collection Terre Humaine, aux Editions PLON .

Voir aussi

"Les moulins racontent le MORVAN" par Ph. LANDRY

Edité par l'association des Moulins du MORVAN ( 54140 St ANDRE en MORVAN 1995)